Semaine des transitions
Semaine des Transitions : Les événements du 24 au 28 mars !
Les événements par type de transition
L’Université de Lille, acteur des transitions
Les universités jouent un rôle clé dans les grandes transformations de notre société, et l’Université de Lille ne fait pas exception. Face aux défis environnementaux, numériques et sociétaux, elle s’engage activement dans une dynamique de transition, repensant ses pratiques, ses infrastructures et sa mission éducative.
[Vidéo] Interview de Régis Bordet, président de l'Université de Lille, sur la semaine des transitions 2025
Interview de Régis Bordet, président de l'université de Lille - Semaine des transitions 2025
Générique de début
[Logo de l’Université de Lille. Le monde change prenez part !
Question posée au président de l'Université de lille, Régis Bordet ]
Semaine des transitions : de quoi s'agit-il et quels sont les objectifs ?
[Information à l'écran : du 24 au 28 mars Semaine des transitions sur les campus de l'université]
C'est quelque chose que nous faisons de manière très originale à l'Université de Lille pendant une semaine où nous réfléchissons de manière interdisciplinaire aux grands enjeux de transition auxquels nous sommes confrontés, transition numérique, technologique, économique, sociale, sanitaire et ça nous permet à travers des ateliers, des colloques, des réunions, des animations, de faire le point sur ces grandes
transitions. Ce qui est intéressant c'est que ça mobilise toute notre communauté universitaire sur des sujets qui émanent d'elle et qu'elle peut ainsi pendant un temps dédié traiter, de chose qu'on n'a pas le temps de faire peut-être dans nos activités quotidiennes.
Quelles sont les actions majeures de l'université dans le domaine des transitions ?
Pour l'université il est important de traiter des questions de transition de manière générale, les transitions qui concernent l'ensemble de la société. Mais c'est aussi important que nous nous interrogions sur nos propres transitions et nous en avons fait un de nos axes stratégiques, l'université démonstratrice de ses propres transitions.
Et ceci se décline, on va dire, avec trois grandes politiques.
- Une politique d'excellence sociale puisque nous travaillons à la transition sociale au sein de l'université,
- à travers le schéma directeur de la vie étudiante, comment on peut former nos étudiantes et nos étudiants aux questions de transition auxquelles. Ils seront confrontés dans leur vie professionnelle ou personnelle.
- Et puis troisième élément, nous nous sommes dotés d'un plan de transition écologique afin de réfléchir à la sobriété et à la durabilité de notre université dans son patrimoine, dans sa recherche, dans sa politique internationale.
Et donc tout ça constitue finalement un schéma de développement durable et de responsabilité sociale au sein de l'université.
Quelle est votre ambition pour le forum des transitions grand public du 29 mars ?
[Information à l'écran : 29 mars, forum des transitions à l'ESJ Lille, rue Gauthier de Chatillon]
Notre ambition pour le 29 mars et ce forum grand public, c'est de faire partager au grand public nos réflexions sur la question des transitions. C'est à travers des conférences sur l'urgence climatique, sur la question de la place des situations de handicap au sein de la société, c'est la réflexion avec les collectivités
territoriales sur la ville durable. Donc tous ces enjeux qui concernent la vie quotidienne des citoyens et que nous venons irriguer, inspirer avec notre recherche, nous allons le partager avec
l'ensemble de la population de la métropole lilloise. Le concept de semaine des transitions est né en 2024 à Lille, mais aujourd'hui nous le déployons dans d'autres universités. Cinq autres universités qui
constituent avec l'université de Lille l'association L'Initiative, qui a pour but de montrer l'impact positif des universités sur leur territoire et sur la société, ont adopté ce concept et donc pendant la même période, ces semaines des transitions seront déployées à Clermont-Ferrand, à Cergy, à Marne-la-Vallée, à Nantes, à Pau, avec le même format, ce qui nous donnera un impact national plus important.
[Accroche de fin : le monde change prenez part !]
Forum des Transitions
Samedi 29 mars à l'Ecole Supérieure de Journalisme
Découvrez les deux premiers épisodes de la série Transitions.
[Vidéo] Interview de Nicolas Postel, Économiste à l'Université de Lille, UMR CLERSÉ sur la transition économique post-croissance
Générique de début
[Information à l'écran : Transition économique post-croissance avec Nicolas Postel et Le quai des transitions TRANSITION!
Réalisation : Service audiovisuel de l'Université de Lille,
Journaliste : Marine Boulvard - L'esprit sorcier TV]
[Marine Boulvard prend la parole]
Notre système actuel, le capitalisme ne répond plus aux enjeux de la société moderne. Tourné vers la croissance, il néglige la préservation de l'environnement et creuse les inégalités sociales. Alors comment produire dans un monde aux ressources finies ?
Faut il arrêter la croissance ?
[Information à l'écran : Nicolas Postel, Économiste à l'Université de Lille, UMR CLERSÉ - Titulaire de la chaire "Socia-économie des communs"]
Nous présente le concept de post-croissance qui envisage le monde en dehors du capitalisme.
[Nicolas Postel prend la parole]
La post-croissance, ça désigne le fait qu'on quitte un système qui avait pour unique objectif la croissance des biens matériels pour entrer dans une représentation de la société différente. Tel qu'on en parle aujourd'hui, on mesure en fait uniquement la croissance du produit intérieur brut, c'est à dire de ce qui est produit par le système industriel. On y ajoute des éléments immatériels, on essaye de mesurer aussi des éléments de services publics. Par contre, on ne se pose pas la question de savoir si cette augmentation est positive ou négative du point de vue du bien être social. Vouloir arrêter la croissance, d'abord, c'est interroger notre capacité à croître toujours. Les économistes, depuis qu'il y a des économistes, se sont tous accordés sur le fait qu'on ne pouvait pas croître indéfiniment dans un monde fini et que donc, passé une période de croissance, on allait être rattrapéspar les questions des limites sociales et environnementales. Et nous y sommes en fait.
[Marine Boulvard prend la parole]
Vouloir croître toujours, c'est le moteur du capitalisme. Mais s'il est insoutenable à long terme, pourquoi l'encourage t'on depuis des siècles ? Pour répondre à cette question, il faut remonter un peu dans le temps.
L'idéologie de la croissance se met en place à la fin du XVIIIᵉ siècle. A cette époque, 80 % de la population française vit de l'agriculture et la moindre mauvaise récolte entraîne des difficultés à se nourrir.
L'espérance de vie dépasse à peine les 30 ans. Dans ce contexte, la stimulation de la croissance économique révolutionne les conditions de vie en Occident. L'industrialisation, surtout, a permis d'augmenter
la production pour répondre aux besoins de la population. Quand on cultive plus et plus vite, on nourrit plus de monde. En 250 ans, les Occidentaux s'enrichissent et leur niveau de vie augmente. La croissance a fait son travail. Mais aujourd'hui, alors que l'on produit déjà assez pour satisfaire nos besoins, la croissance reste au centre de notre modèle économique. Les richesses augmentent, mais nos conditions de vie ne s'améliorent plus.
Pire encore, l'augmentation ininterrompue de la production menace notre avenir sur Terre en épuisant les ressources naturelles. Une chose est sûre, dans un monde aux ressources limitées, la croissance infinie est impossible. C'est ce qu'on appelle le dilemme de la croissance.
[Information à l'écran : Le dilemme de la croissance.]
Malgré ce constat, les gouvernements occidentaux ne semblent pas prêts à changer de modèle. Certains affirment même que la croissance peut être verte.
[Information à l'écran : La croissance verte, qu'est-ce que c'est?]
Qu'est ce que ça veut dire ?
[Nicolas Postel prend la parole]
Le principe de la croissance verte, c'est l'idée selon laquelle on va pouvoir continuer à croître indéfiniment en substituant des inventions technologiques aux ressources naturelles. Donc, ce qu'on peut appeler un biais technologistes. La science et l'invention vont nous sauver des limites naturelles. Je n'y ne crois pas à cette solution parce que je pense que nous n'en avons pas les moyens technologiques.
Mais par ailleurs, je ne pense pas que ce soit souhaitable. Je pense que pour l'instant, l'horizon des êtres humains, c'est de continuer à vivre sur Terre et qu'il faut donc accepter l'idée que cette terre, elle a des limites qu'on ne pourra pas passer en substituant du capital technologique aux ressources naturelles. Les limites planétaires qui sont calculées par le Resilient Center à Stockholm ; Des neuf limites planétaires, on en a déjà dépassé six par exemple.
[Information à l'écran : Les neuf limites planétaires :
- Changement climatique
- Nouvelles entités
- Diminution de la couche d'ozone
- Taux d'aérosols dans l'atmosphère
- Acidification des océans
- Perturbation des cycles biogéochimiques
- Perturbation du cycle de l'eau
- Conversion des soles
- Intégrité de la biodiversité ]
La question de savoir est ce qu'on est déjà en post-croissance quand il y a neuf limites qu'il ne faut pas dépasser pour pouvoir conserver une possibilité de vie humaine sur Terre et qu'on en a déjà dépassé six ?
La question de savoir si la croissance est derrière ou devant nous, elle est évidente.
[Marine Boulvard prend la parole]
On l'a bien compris, qu'on le veuille ou non, l'ère de la croissance est derrière nous dans cette dynamique. De nombreux citoyens créent des initiatives locales pour vivre de manière plus durable.
Le but ? Répondre à nos besoins sans surconsommer, pour préserver à la fois l'environnement et nos portefeuilles. C'est la mission que s'est donnée l'Association du Quai des Transitions, installée près de Lille, dans l'ancienne gare de la Commune de L'homme.
Chaque semaine, des ateliers gratuits y sont organisés par des bénévoles pour aider les habitants de la commune à consommer autrement. Ici, on récupère, on répare, on fait du neuf avec du vieux selon les principes de l'économie circulaire. Et la star du Quai des Transitions, c'est le Repair Café, un atelier de réparation coopératif.
[Théo Vicat, Coordinateur de l'association du quai des transitions à Lomme prend la parole]
On a des bénévoles experts en réparation qui viennent et qui, gratuitement, aident à la réparation d'objets que les gens peuvent apporter. Pour l'instant, on fait uniquement tout ce qui est petit électroménager, les vêtements aussi. On a des couturiers couturières qui viennent nous donner un coup de main et on a aussi un expert en informatique qui vient pour aider à réparer les ordinateurs. Le but, c'est d'apprendre à réparer.
Donc la réparation se fait en binôme entre le bénévole et la personne qui amène l'objet. On propose également des ateliers couture. Ça va de simplement apprendre à utiliser une machine à coudre à des thématiques un peu plus poussées. Par exemple l’upcycling. Le principe de l'upcycling, c'est de prendre du vieux textile qui ne sert pas et de les transformer en autre chose.
Par exemple, je ne sais pas, vous avez une vieille couverture dont vous vous servez pas selon un patron, vous pouvez la découper pour en faire une veste par exemple. Voilà, ça c'est de l'upcycling.
On vit dans une société où il est beaucoup plus facile et beaucoup plus valorisé de jeter son appareil et d'en racheter un autre plutôt que de le faire réparer.
Ce qu'on veut proposer avec l'association, c'est justement de rendre ces parties là simples, dire: Chez nous, faire réparer les appareils, c'est une fois par mois et ça coûte rien.
Donc pour les personnes, c'est hyper avantageux. On essaie de rendre l'écologie de la plus abordable et le plus facile possible. L'ADN de l'association, c'est d'arriver à montrer que l'écologie,
c'est pas quelque chose de hors-sol, un peu réservé à une élite, quelque chose de très théorique, mais c'est des choses qui sont très pratiques, très concrètes, très simples. qui permettent surtout de faire des économies, tout simplement.
[Marine Boulvard prend la parole]
Les initiatives comme Le Quai des transitions se multiplient, mais ces projets isolés ne suffisent pas à transformer la société. Alors concrètement, comment changement de modèle ?
[Nicolas Postel prend la parole]
La première mesure de post-croissance, c'est réduire les inégalités, imposer les plus riches et redistribuer enfin l'argent à ceux qui en ont besoin pour satisfaire leurs besoins de base. Parce que la question des fins du mois, ce n'est pas une question de volume de ce qui est produit ou disponible en France, c’est une question de répartition extrêmement inégalitaire. Le deuxième élément, c'est qu'une fois qu'on a satisfait les besoins de base, ce dont souffrent les gens, c'est de ne pas avoir le temps de travailler pour mettre de l'essence dans la voiture, pour aller travailler. Vous voyez bien que si vous sortez de cet élément un peu mortifère, eh bien vous donnez de la liberté aux individus des revenus suffisants pour qu'ils ne soient plus obsédés par l'idée de la fin du mois.
Une organisation sociale qui fait qu'on mesure plus la qualité des personnes en fonction de leur bien être matériel visible.
Je pense qu'évidemment la question de la post-croissance, elle suppose déjà de régler cette question
[Marine Boulvard prend la parole]
Dans un monde libéré de l'obsession pour la croissance, on ne produit plus dans l'unique but d'accumuler des richesses, mais avant tout pour répondre à nos besoins et assurer le bien être collectif. Cette nouvelle priorité implique de changer notre rapport au travail.
[Nicolas Postel prend la parole]
La question de l'évolution du travail est centrale dans les perspectives de post-croissance. C'est sans doute là qu'il y a le plus à faire, c'est à dire de faire en sorte que l'endroit où on travaille, ce soit un endroit qui ait du sens. Il y a donc un travail à faire sur ce dont on a besoin et un travail à faire sur valoriser tout ce que l'on fait pour y répondre en premier, c'est de se nourrir. Et c'est probablement les tâches liées à l'alimentation qui ont été le plus dévalorisées ces dernières années. Ce n'est pas seulement produire beaucoup de nourriture, c'est la produire bien. Il faut revaloriser ces métiers et tous les agriculteurs vous diront que faire plus de bio, ça a plus de sens, mais ça suppose d'y passer plus de temps. Donc là, il y a un gisement d'emplois très important.
Deuxième élément une fois qu'on s'est nourri, c'est de se loger.
Il y a un champ très important d'activité dans le fait d'avoir des logements non pas plus grands, mais qui soient plus résilients sur le plan écologique, mieux isolés, et qui soient donc plus décents, plus durables.
Troisième élément, c'est bien sûr le temps que l'on passe à vivre ensemble, à l'éducation, à l'échange, ce qu'on appelle “le care”. Tout ça ne coûte pas de problèmes écologiques. Et pourtant, c'est dévalorisé, ça l'est de plus en plus.
[Marine Boulvard prend la parole]
Répartir les richesses, réformer le travail, réorienter la production, ce n'est pas à la portée de tout le monde. À l'échelle individuelle, on peut ajouter sa pierre à l'édifice en consommant de façon plus responsable. Mais la transition économique de toute la société ne se fera pas sans une volonté politique forte.
[Nicolas Postel prend la parole]
La difficulté des transitions, surtout quand c'est une transition qui porte sur le cœur de notre système économique et social, c'est qu'il faut changer l'entièreté de notre manière d'être, même si on culpabilise.
De mon point de vue, beaucoup trop les personnes, les individus, les familles sur le fait qu'elles seraient responsables du réchauffement climatique et de l'extinction de la biodiversité.
La réalité, c'est que le problème est systémique et donc il faut une solution au niveau du système. L'ensemble des initiatives qui existent sur le terrain, elles nous indiquent une direction pour le monde de demain.
Elles sont donc extrêmement importantes et inspirantes. Mais d'elles mêmes, elles ne changent pas le système. Et notre rôle de citoyen, c'est précisément de porter cette demande auprès de nos représentants politiques, d'aller pousser pour que, d'une certaine manière, l'État nous libère de l'idéologie de la croissance et donne toute leur chance aux initiatives alternatives.
[Marine Boulvard prend la parole]
Sur le papier, La post-croissance fait rêver. Un monde sans misère où chacun trouve du sens à son travail tout en préservant l'environnement.
Mais n'est ce pas utopiste ?
Peut on vraiment changer de système ?
[Nicolas Postel prend la parole]
Le système capitaliste, il existe depuis 250 ans, il existe pas depuis qu'il y a des hommes sur terre, une toute petite partie. Donc l'humanité s’est fortement développée. Elle a fait des choses merveilleuses en dehors
du système capitaliste de croissance. Il n'y a donc pas d'angoisse à avoir à penser qu'on peut vivre sans le système capitaliste. Évidemment que la description de la manière dont on vivra quand on ne sera plus dans l'idéologie de la croissance a une part qui est une part d'ouverture de possibles, et donc en ce sens d'utopies qui nous font avancer. Par contre, ce qui est très important, c'est de signaler que là où il y a erreur, là où il y a mensonge et là où il y a l'utopie destructrice, c'est de continuer à faire penser qu'on va pouvoir continuer à croître. Ça n'est plus possible. L'utopie n'est pas du côté de ceux qui disent qu'on va droit dans le mur. Il faudrait ralentir. Les seuls qui ont intérêt à ce que la croissance continue aujourd'hui dans les conditions qui sont celles de notre système économique, c'est les 1 ou 2 % les plus riches. Et que donc il y a quelque chose d'absolument scandaleux sur le plan politique, non seulement dans l'existence, dans ces inégalités, mais dans la pression
que mettent de manière cynique les plus riches pour continuer à garder la tête sous l'eau des plus pauvres de manière à ce qu'ils ne voient pas qu'ils ne peuvent pas sortir la tête de l'eau.
Qu'un autre monde est possible.
[Vidéo] Interview de Marc Dumont, urbaniste à l’Université de Lille, titulaire de la chaire Métroforum sur la transition écologique
Générique de début
[Information à l'écran : Transition écologique l'aménagement urbain avec Marc Dumont et les saprophytes,
Réalisation : Service audiovisuel de l'Université de Lille,
Journaliste : Marine Boulvard - L'esprit sorcier TV]
[Marine Boulvard prend la parole]
Alors que les villes concentrent 80 % de la population française leur conception n'est pas adaptée au défi que représente la transition écologique pourtant l'un des enjeux prioritaires du monde actuel l'aménagement des villes c'est-à-dire l'organisation des activités et des personnes dans l'espace urbain favorise les déplacements polluants et la dégradation des espaces naturels. Alors quelles conséquences pour l'environnement ? Et comment concevoir une ville plus durable? Réponse avec Marc Dumont, urbaniste à l'Université de Lille et titulaire de la chair MétroForum.
[Marc Dumont prend la parole]
Le problème principale posée par la ville aujourd'hui c'est qu'elle a été construite autour de l'automobile. 80 % des déplacements aujourd'hui des Français sont faits en voiture individuelle et par ailleurs 88 % des transports de marchandises des biens de consommation que nous consommons sont transportés en voiture ou en camion donc ça pose deux problèmes d'abord un problème de qualité de l'air et par ailleurs un problème d'artificialisation des sols le ministère des Transports nous indiquait qu'en 2024 32 % des gaz à effet de serre étaient générés par les transports : pour la moitié la voiture individuelle et pour l'autre moitié la logistique. Le deuxième problème posé par le développement des villes autour de l'automobile c'est l'artificialisation et même plus encore que l'artificialisation l'imperméabilisation des sols.
[Marine Boulvard prend la parole]
Imperméabiliser un sol c'est le recouvrir par des matériaux imperméables souvent du bitume ou du béton. Et en France comme dans d'autres pays ce phénomène a été accéléré par deux facteurs la création de route et surtout la construction de lotissement. Plus précisément des initiatives politiques ont depuis la fin des années 60 incité les personnes à devenir propriétaires de pavillon et à s'installer loin des villes, tout en continuant à y travailler. Les trajets quotidiens en voiture se sont donc multipliés et pour loger tout ce beau monde il a fallu construire des lotissements sur d'anciennes terres agricoles. En bref plus de route et de maison moins de champs.
[Marc Dumont prend la parole]
Cette artificialisation elle a plusieurs impacts elle produit d'abord une réduction de la biodiversité le nombre d'espèces que l'on peut trouver elle produit aussi un une perturbation du cycle de l'eau qui peut moins s'infiltré là où la pluie tombe mais qui part parfois plus loin et donc ça peut produire des éboulements des risques des glissements de terrain et enfin elle réduit la part de nature présente dans la ville or la végétation a un rôle majeur notamment dans les pics de chaleur les les canicules pour réduire les effets de cette augmentation de la température et jouer un rôle de climatiseur urbain et donc l'artificialisation a un impact qui est de contribuer au développement de ce qu'on appelle les îlots de chaleur urbain en ville.
[Marine Boulvard prend la parole]
Pour réduire l'empreinte écologique des villes il faut donc arrêter d'imperméabiliser les sols et sortir du tout voiture mais à l'heure actuelle seule une minorité de personnes peut répondre à tous ses besoins sans recourir à l'automobile comment est-on devenu si dépendant ? dans les années 60 le pétrole bon marché rend la voiture accessible au plus grand nombre son succès se fait pas attendre elle permet d'aller plus vite et surtout de s'installer loin des villes très peuplé et très chère. Face à cet essor le territoire s'organise autour de l'usage automobile puisque l'on va partout en un coup de volant plus besoin de rassembler toutes les activités au même endroit alors nos espaces de vie s'éloignent et on les relie par des routes, en parallèle, par soucis d'efficacité les villes applique une politique dite de zonage : au lieu de mélanger les espaces
de vie chaque zone se voit attribu une fonction précise des lotissements pour vivre des quartiers d'affaires pour travailler, des zones industrielles pour produire et des centres commerciaux pour consommer. Et s'il est facile de relier ces zones en voiture, le modèle n'est pas adapté aux autres moyens de transport. Résultat l'automobile devient indispensable. Dans ce contexte comment rendre les villes plus durables?
[Marc Dumont prend la parole]
Pour réduire le empreinte écologique les villes agissent dans deux grands domaines :
le domaine de la mobilité d'abord et de la lutte contre les gaz à effet de serre,
les émissions de gaz à effet de serre et la lutte contre la pollution il y a une première manière d'agir qui est d'inciter davantage les gens à prendre leur vélo plutôt que leur voiture et donc on va développer des pistes cyclables par exemple on va aussi essayer de d'utiliser moins les camions pour livrer en ville en développant ce qu'on va appeler la Cyclogistique on va livrer en vélo on va aussi pouvoir inciter davantage à prendre les transports en commun par exemple avec des politiques de gratuité des transports en commun pour les jeunes le deuxième moyen de lutter contre l'artificialisation cette fois c'est de ne plus construire sur de nouveaux terrains mais davantage de reconstruire sur l'existant et donc on va démolir et reconstruire sur un site dans lequel il y a par exemple une ancienne friche industrielle un ancien bâtiment qui n'est plus utilisé ce qu'on appelle refaire la ville sur elle-même. Mais le problème de ces mesures c'est qu'elles ne sont pas suffisantes d'abord dans le domaine de la mobilité elle favorise surtout les habitants qui vivent en ville mais parfois elle pénalise assez souvent les personnes qui habitent à distance en périphérie plus loin qui sont dépendantes de l'automobile et qui sont obligés de prendre leur voiture pour venir en ville et qui parfois même ne pourront plus accéder au centre-ville comme c'est le cas par exemple avec les zones de trafic limité. Le deuxième problème c'est celui de la lutte contre l'artificialisation la pratique qui consiste à refaire la ville sur elle-même n'est pas suffisante parce qu'elle consiste à détruire des bâtiments alors qu'il faudrait même aller jusqu'à ne plus détruire pour ne pas consommer de matériaux de construction et donc être vraiment sobre écologiquement.
[Marine Boulvard prend la parole]
Stopper l'étalement urbain et bannir les voitures des villes n'a qu'un impact limité sur l'empreinte écologique de ces dernières rendre une ville vraiment durable c'est repenser complètement l'organisation de ces espaces et la réconcilier avec la nature.
[Marc Dumont prend la parole]
Plutôt que d'avoir nos lieux d'emploi, nos lieux de vie et de distraction, nos lieux de loisirs et nos lieux de résidence séparés. On essaie de rapprocher tous ces lieux en utilisant moins la voiture donc en conséquence et donc ça c'est ce qu'on appelle aussi si on arrive et à accéder à pied la ville du quart d'heure une ville finalement où on peut accéder à peu près à tout ce dont on a besoin à un quart d'heure ou 20 minutes de marche à pied parce que ça on peut le faire et ça fait du bien par ailleurs quotidiennement alors une autre mesure c'est d'agir aussi sur le fait que la ville reste encore très dépendante de l'extérieur notamment en terme d'approvisionnement de bien de consommation d'alimentation et donc tout le transport logistique qui est impliqué par la vie urbaine le fait qu'on ne produit pas en ville donc il y a aussi tout ce qu'on va faire aujourd'hui autour des circuits courts on va essayer de réapprovisionner les villes par les espaces agricoles qui sont situés à proximité c'est ce qu'on fait par exemple à Paris lorsque la ville de Paris va travailler avec des agriculteurs qui vivent en périphérie qui produis en périphérie et qui va approvisionner en lentille les cantines
scolaires de de la ville de Paris. Une autre option c'est aussi de réintroduire de la production alimentaire agricole en ville ce qu'on appelle l'agriculture urbaine et là vous allez avoir des anciens terrains de friche par exemple qu'on va dépolluer et qu'on va mettre à disposition projets d'agriculture urbaine qui vont avoir un impact à de multiples niveaux d'abord c'est générateurs de lien social ça permet de lutter aussi contre les effets des canicules et puis ça permet aussi de s'approvisionner directement sur place avec des circuits qu'on pourrait appeler des circuits ultra courts.
[Marine Boulvard prend la parole]
Partout en France, des projets voient le jour pour engager les villes dans la transition écologique. à Hellemmes, par exemple commune associée de Lille la mairie a fait appel au sapprophytes un collectif engagé d'architectes et de paysagiste pour transformer le quartier de l'épine. L'idée cultiver des plantes comestibles dans les espaces verts pour le rendre plus attractif et plus écologique.
[Information à l'écran : Claire Bonnet, Architecte, Co-fondatrice des saprophytes]
[Claire Bonnet prend la parole]
Le quartier de l'épine c'est un quartier qui a qui a été construit dans les années 70 en marche de la ville d'ellem de l'autre côté des voies ferrées il est très excentré les gens qui vivent là sont très isolés si on a pas de voiture on a du mal à se déplacer et c'est un quartier qui est essentiellement un un quartier d'habitat social personne ne vient ici pour faire quelque chose les gens qui sont là ce sont les gens qui vivent ici en faisant le diagnostic de ce quartier en 2016 il y a une chose qui est ressortie très fortement c'était le fort potentiel paysager de ce quartier il a été construit suivant le modèle des cités jardin avec des tas d'espaces publics, très vert, très beau. C'est en se basant sur ce potentiel là qu'on a eu cette idée d'enrichir la trame végétal du quartier avec des du végétal comestible pour en faire un vecteur de développement local.
[Marine Boulvard prend la parole]
A l'aide d'un groupe motivé d'habitants à la main verte et avec l'appui d'associations local les saprophytes ont organisé une série de chantiers participatifs pour transformer le quartier de l'épine : arbres fruitiers plantes aromatiques et médicinales remplacement de haie hornementale par des arbustes à petit fruit. En seulement quelques années les espaces verts sous-exploités du quartier sont devenus de véritables ilots de jardin forêt résilient et fertiles.
[Claire Bonnet prend la parole]
Le quartier comestible il a plusieurs bénéfices écologiques a commencé par le fait d'avoir une production ultra locale au lieu d'aller acheter des framboises qui viennent du Portugal on va consommer directement sur place les framboises qui sont au pied notre immeuble. Par ailleurs c'est aussi un bénéfice au niveau de la biodiversité on remplace des espèces ornementales qui sont toutes les mêmes comme les trohenes par une diversité d'arbustes on participe aussi à l'amélioration de la qualité des sols donc en plantant des arbres en plantant des végétaux on va alléger le sol on va attirer les vers de terre et améliorer la la qualité du sol en plus des bénéfices écologiques ce projet il cherche aussi à dynamiser l'économie du quartier l'exemple le plus important c'est la création d'un emploi en insertion pour une femme du quartier qui travaille donc depuis 2 ans à l'entretien du quartier comestible.
[Marine Boulvard prend la parole]
Projetez-vous un instant des quartiers vivants avec des espaces verts et des produits locaux un air pur la fin des embouteillages. Habiter la ville écologique c'est tant mais pour que tout le monde en profite et surtout l'environnement il faut viser plus haut que les projets de quartier et amorcer un changement de grande ampleur sur l'ensemble du territoire.
[Marc Dumont prend la parole]
Pour réussir cette nécessaire transition écologique des villes tout le monde doit se mobiliser les collectivités les politiques les entreprises les association et même les habitants et puis il va falloir qu'on soit créatif qu'on réinvente aussi nos métiers d'urbanistes d'architectes d'ingénieurs parce qu'on sait pas encore comment faire vraiment la ville demain en tout cas il va falloir qu'on la fasse différemment d'aujourd'hui globalement je pense que les problèmes on les connaît bien aujourd'hui les solutions aussi on les connaît bien mais ce qui nous reste à faire c'est maintenant de passer à l'action.